Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CONGOLIBERTE
Publicité
Archives
18 septembre 2005

Détournements à la Banque centrale du Congo

Après la disparition, en 2004, de plus de 500.000 Usd en diverses devises du coffre n°13 de la Direction de la trésorerie à la Banque centrale du Congo, plus de 3 millions de dollars viennent de se volatiliser sur le compte général du Trésor logé à la même banque. Le coup défraie la chronique.-

Depuis plus d’un mois, l’Institut d’émission se trouve empêtré dans ce que la presse appelle « l’affaire des vrais faux Ordres de paiement informatisés à la Banque centrale du Congo ». Pour l’opinion publique, la faiblesse de l’autorité monétaire à garantir la fiabilité des opérations exécutées sur le compte général du Trésor, est mise à nu. Le point de presse tenu hier vendredi à l’Hôtel des monnaies, sur la certification des états financiers 2004 de la Banque centrale du Congo, a été l’occasion pour le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu Mulongo, de lever un pan de voile sur une affaire qui, pour le commun des mortels, éclabousserait la seule Banque centrale.

LA BANQUE SUR LA DEFENSIVE

La Banque centrale du Congo demeure-t-elle encore viable ? C’est la question que d’aucuns se posent au regard des détournements à répétition que révèle la presse. Hier, c’était au coffre n°13 de la Direction de la trésorerie qu’on signalait la disparition de près de 500.00 Usd en diverses monnaies étrangères. Aujourd’hui, c’est plus de trois millions Usd que l’on a soustrait de la Banque centrale par des voies non officielles du compte général du Trésor.

Ces révélations confirment des faiblesses qui entourent les opérations financières mouvementées dans le compte du Trésor, logé à la Banque centrale mais ordonnancé suivant les procédures prévues dans la nouvelle chaîne de la dépense publique par le ministre des Finances. C’est donc l’image même de la Banque centrale du Congo qui est sérieusement mise entamée. Et pourtant, c’est elle qui joue un rôle primordial dans la conduite du Programme économique du gouvernement, en exécution depuis avril 2002, avec l’appui technique et financier des partenaires extérieurs.

Pour les responsables de la Banque centrale, il est donc temps de rassurer les partenaires tant internes qu’externes de leur capacité à garantir la fiabilité et l’efficacité des opérations financières actionnées aussi bien dans ses propres comptes que dans le compte général du Trésor. Loin de nier la responsabilité de l’Institut d’émission dans les détournements dénoncés par la presse, le gouverneur de la Banque centrale, sur la défensive, a porté une nette accusation contre tous les intervenants de la chaîne de la dépense.

TOUT LE MONDE COUPABLE

De l’avis du gouverneur Masangu, tout détournement au niveau du compte général du Trésor implique une complicité à différents niveaux dans la chaîne de la dépense. A cet effet, il a pris pour illustration les comptes ouverts dans des banques commerciales pour recevoir illégalement des virements opérés par les services de la Banque centrale.

Selon le gouverneur Masangu, la responsabilité des banques commerciales est clairement établie dans la mesure où les comptes ouverts dans leurs livres l’ont été dans des conditions irrégulières, en violation des normes prévues par la loi. « Tout s’est passé comme si ces comptes n’ont été ouverts que pour recevoir l’argent de ces opérations de détournement », a-t-il déclaré. Ce qui, pour Masangu, atteste de l’existence des complices au sein même des Banques commerciales, dernier maillon dans la chaîne de la dépense.

Aussi, nonobstant l’obligation de réserve que s’est fixée la Banque centrale en attendant les conclusions de l’enquête, le n°1 de l’Institut d’émission a formellement réaffirmé l’existence d’un réseau maffieux, qui prolonge ses ramifications jusqu’à la Direction du Trésor et ordonnancement du ministère des Finances, à la Banque centrale du Congo et dans des banques commerciales. Il s’est dit, par ailleurs, disposé à mobiliser ses services pour aider la justice à « démanteler ce réseau ».

La chaîne de la dépense, comme on le voit, est un ensemble de procédures informatisées mises en œuvre depuis 2003 en Rdc, avec l’appui des partenaires extérieurs, pour un contrôle adéquat des dépenses exécutés sur le compte du Trésor. Elle fait intervenir différents services du ministère du Budget et du ministère des Finances ainsi que la Banque centrale, dans la phase du paiement. La Banque des banques s’appuie, à son tour, sur les banques commerciales pour le règlement effectif de la créance de l’Etat par virements bancaires actionnés depuis la Banque centrale sur le compte général du Trésor.

DES TETES VONT TOMBER

Conscient des complicités internes et externes dans cette affaire qui porte lourdement atteinte à la crédibilité interne et externe de la Banque centrale, le gouverneur a fait savoir que des mesures conservatoires - contrôle interne - ont été prises au sein de la Banque. Aussi longtemps que la responsabilité des banques commerciales est établie dans le réseau maffieux qui s’est développé autour de la Banque centrale, Masangu a annoncé le renforcement de surveillance bancaire, plus précisément dans le contrôle des opérations interbancaires.

Décidément, l’enquête autour de la soustraction de plus de trois millions de dollars américains du compte général de Trésor fera tomber des têtes, et non de moindres, au sein tant des ministères des Finances que du Budget. Pourvu que la Justice fasse consciencieusement son travail, et ce, en toute indépendance et impartialité.

Le défi à relever reste celui de garantir la traçabilité des opérations exécutées sur le compte du Trésor. A cet effet, il y a urgence de mettre en œuvre des mesures internes au niveau de chaque intervenant de la chaîne de dépense pour mieux sécuriser les opérations. Ces précautions éviteraient de donner l’occasion aux esprits malins de contourner les mécanismes informatisés, régissant la chaîne de la dépense. Autrement, des millions de dollars de l’Etat continueront à se volatiliser au profit des nouveaux « bourgeois compradores », dont la liste ne fait hélas ! que s’allonger.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité