KATUMBA MWANKE ENCORE ET TOUJOURS
Lors de la rencontre qui
a eu lieu, mercredi 15 avril, entre Joseph Kabila et les 300 députés
étiquetés AMP (Alliance de la majorité présidentielle), à la Ferme de
Kingakati, le député PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la
démocratie) Augustin Katumba Mwanke - qui est par ailleurs le
secrétaire exécutif du parti présidentiel -, a prononcé quelques mots
malheureux. Selon lui, «la majorité va dicter sa loi». Et d’ajouter :
«c’est la démocratie qui nous en donne les armes.» C’était 48 heures
avant le vote à la Chambre basse. On le sait, les sept postes ont été
raflés par les députés labélisés AMP.
De quelle majorité
parle-t-on ? S’agit-il de cette majorité qui doit soudoyer «ses»
membres pour s’assurer de la victoire de ses propres candidats au
Bureau de l’Assemblée nationale ?
Après la «victoire» des
candidats de l’AMP lors de l’élection du nouveau Bureau de l’Assemblée
nationale, une chose paraît sûre : ce pays se dirige lentement mais
sûrement vers l’institutionnalisation d’une forme d’unanimisme
politique. Parti dominant, le PPRD semble résister difficilement à la
tentation de s’ériger en parti-Etat de fait. A preuve, les
démonstrations d’intolérance ne se comptent plus : interdiction et
dispersion musclée des manifestations pacifiques ; arrestations des
leaders politiques et des activistes des droits humains ; interruption
du signal des médias audiovisuels qui diffusent des émissions
contraires à l’orthodoxie du parti présidentiel ; arrestations des
journalistes et confiscations des matériels ; "privatisation" de la
télévision d’Etat (RTNC). Sans omettre la "consignation", au ministère
des Finances, des frais de fonctionnement destinés à l’Assemblée
nationale sur ordre du directeur du cabinet présidentiel agissant au
nom de la "Haute hiérarchie".
Outre le gouvernement dirigé par
un Premier ministre pour le moins falot et un appareil judiciaire
transformé en une "cellule" de la Présidence de la République, Joseph
Kabila et ses partisans contrôlent désormais la Chambre basse du
Parlement. Il faut espérer que la Plénière jouera son rôle d’organe
suprême afin que cette Chambre ne se transforme point en une chambre
d’enregistrement. Il y a lieu de craindre que les interpellations des
membres du gouvernement dépendent à l’avenir du bon vouloir de la
mouvance kabiliste. Il ne manque plus que le Sénat dans l’escarcelle du
«raïs» pour "élever" celui-ci au rang de dictateur. Au sens romain du
terme.
Tous ces pouvoirs pour quoi faire ? Est-ce pour
promouvoir un cadre de vie agréable pour chacun et pour tous ou
simplement pour mettre l’Etat au service d’une bande de jouisseurs?
Huit
années après son arrivée au sommet de l’Etat, Kabila est incapable de
brandir une quelconque réalisation à caractère économique ou social à
mettre à son actif. Pas un kilomètre de route, pas un hôpital ou une
école n’a été construit sous sa présidence. Sur le plan sécuritaire,
l’échec est patent.
Comment pourrait-il en être autrement de
la part d’un homme qui redoute tout contact avec la population. Peut-on
connaître les véritables aspirations d’un peuple sans prendre la peine
de le rencontrer et surtout de l’écouter? Les dirigeants de l’AMP en
général et ceux du PPRD en particulier dissimulent mal une arrogance
empreinte de mépris à l’égard de la population congolaise.
Point
n’est besoin d’être un lauréat de Prix Nobel en science politique pour
décrypter que Kabila et ses affidés cherchent le pouvoir pour le
pouvoir. Pour eux, le pouvoir n’est pas un service mais un simple
rouleau compresseur pour laminer les plus faibles. Les contradicteurs.
Et partant, défendre les intérêts maffieux de l’oligarchie en place.
Un pouvoir qui n’est pas au service de l’intérêt général n’inspire aucun respect. Il ne mérite que du mépris.
B. Amba Wetshi
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