ARRESTATION DES JOURNALISTES A KINSHASA
Trois journalistes d'une chaîne de télévision indépendante privée émettant à Kinshasa ont été arrêtés dans la capitale de la République démocratique du Congo par les services de renseignements après avoir diffusé l'interview d'un opposant, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.
"Destination inconnue"
"Des
hommes armés ont fait irruption hier (mercredi) vers 20H30 dans les
locaux de Raga TV" à Kinshasa, a déclaré à l'AFP un employé de Raga TV,
qui a requis l'anonymat. "Ils ont arrêté le directeur des programmes
Mbuyi Bwebwe, ainsi que deux régisseurs d'antenne, Jules Mpata et
Faustin Bwana Kawa", les emmenant vers une destination inconnue, a-t-il
ajouté.
L'association nationale des entreprises audiovisuelles privées (Aneap) a confirmé cette information. Les arrestations sont intervenues après la diffusion par Raga TV, au cours de son journal télévisé de mercredi soir, d'une interview d'un opposant, a expliqué l'employé de Raga TV.
Propos "discourtois" envers Kabila
"Ceux
qui sont venus arrêter les journalistes ont affirmé que nous avons
diffusé une interview de Roger Lumbala (député de l'opposition) qui a
tenu des propos discourtois envers le président (Joseph) Kabila",
a-t-il précisé.
Parlementaire et président d'un petit parti de l'opposition, M. Lumbala s'était exprimé sur Raga TV à propos de l'aménagement au parlement d'un bureau pour le président Kabila. Cet aménagement a soulevé un tollé dans les rangs de l'opposition.
Question de séparation des pouvoirs
"Je
n'ai pas tenu des propos discourtois envers le chef de l'Etat et je ne
l'ai pas insulté", a réagi M. Lumbala, interrogé par l'AFP. "Il y a
confusion dans l'esprit des gens qui sont avec le président Kabila en
ce qui concerne la séparation des trois pouvoirs et de leurs
bâtiments", a-t-il estimé.
"On ne peut pas accepter que le président du pouvoir exécutif puisse prendre place dans le bâtiment du pouvoir législatif", a souligné M. Lumbala, se disant "victime" de menaces de mort de la part d'inconnus.
Précédent
En
septembre, un journaliste de la télévision privée Global TV, Daudet
Lukombo, avait été arrêté et inculpé pour "incitation à la rébellion"
après avoir diffusé des images de la conférence de presse d'un député
de l'opposition. Il avait été libéré quelques jours plus tard.
(belga/th)
20/11/08 17h55